Quel impact de la Commission de la condition féminine (CSW) chez des entrepreneures Vietnamiennes ?

La 61ème  session de la CSW  au siège des Nations Unies à New York (13-24/03/2017) est une commission fonctionnelle du Conseil économique et social (Résolution 11). Il s’agit du principal organe intergouvernemental à l’échelle mondiale réservé strictement à la promotion de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes dont le thème portera sur «l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution».

Dans le cadre de cette réunion, à Paris la préparation de la participation française à la 61ème  CSW du 7/02/2017 avec une cinquantaine d’associations féminines concerne les enjeux suivants:

Enjeu de la session et priorités conduite par Mme Suzat, conseillère auprès de Mme Rossignol, ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes et Mme Seydoux, cheffe du service des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes, DGCS ;

Enjeux internationaux ; état des lieux par Mme  Laurens, sous-direction des droits de l’Homme, direction des Nations Unies et des organisations humanitaires (MAEDI-NUOI).

Au Vietnam, Mme Dinh Thi Minh Huyen, directrice des organisations internationales du MAE-Vietnam des deuxième, troisième et quatrième rapports périodiques combinés – pour la période 1986 à 2000 a expliqué que :

« les vestiges du système féodal, la tradition confucianiste, les conséquences de la guerre et le niveau toujours faible du développement économique constituent des obstacles et des défis majeurs à l’application dans les faits du principe de l’égalité entre les hommes et es femmes.  La participation des femmes au processus de prise de décisions et leur représentation aux positions de gestion et de direction sont insuffisantes.  En dépit de la mise en œuvre du Plan d’action national pour la promotion des femmes qui a été adopté en 1997, la part des femmes dans les Conseils populaires ne s’élève qu’à 22% au niveau des provinces, à 20,6% au niveau des districts et à 16,3% au niveau des communes; et seuls 26,2% des sièges de l’Assemblée sont occupés par des femmes. »

A cette occasion, il serait intéressant de voir quel impact la CSW exerce-t-elle chez des  entrepreneures Vietnamiennes en particulier dans l’agriculture biologique à Dalat, dans les zones montagneuses des ethnies et dans le domaine des arts et lettres.

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Dans le domaine de l’agriculture biologique, il semble que la production de fruits et légumes biologiques à la ferme Organik de Dalat, dirigée par Mme Inès Quoico, est un exemple d’autonomisation économique des femmes car le personnel est féminin  pour le travail en champ, pour le découpage/nettoyage/mise en paquet (transformation en produits fini), mais aussi beaucoup de femmes sont comptables, agents de vente, responsables des achats. Puis, les produits « bio » cultivés sont certifiés par des organismes de contrôle indépendants et agréés par le ministère de l’agriculture. Ce contrôle apporte la garantie du respect du cahier des charges. Le « bio » est un système de production agricole spécifique qui exclut l’usage d’engrais, de pesticides de synthèse et d’organismes génétiquement modifiés.

À Organik – selon Mme Quoico : « Ma petite expérience personnelle me donne l’impression que par rapport aux hommes, les femmes au travail sont plus sérieuses, ponctuelles, stables, conciliantes, obéissantes, loyales et honnêtes. A la question : Les Vietnamiens sont-ils prêts pour le durable? Il y a clairement un travail de sensibilisation à faire. Mais nous avons de nombreux clients vietnamiens et ce sont les plus enthousiastes. Ils ont toujours été élevés dans l’idée que l’alimentation jouait un rôle central pour la santé et la beauté, très importants à leurs yeux.

Or, les Vietnamiens souffrent en moyenne d’une intoxication alimentaire tous les 90 jours. Cependant la différence de prix reste encore un frein important pour les tranches les plus pauvres de la population. Organik Dalat développe une politique commerciale spécifique envers les écoles et les hôpitaux en s’alignant pour ces publics uniquement, aux prix des légumes standards, afin d’assurer aux enfants et aux malades une alimentation dénuée de pesticides.

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Cueillette de longanes à la ferme Organik à Dalat – Photo par Ms. Inès Quoico.

Dans les zones montagneuses des ethnies en particulier  l’autonomisation économique des femmes sollicite un partenariat avec l’extérieur. Par exemple, le gouvernement australien va octroyer 1,9 million USD pour le projet, administré par CARE, Oxfam et SNV. Ce projet à réaliser d’ici 2019 à Lào-Cai et Bac-Kan (Nord-Ouest) améliorerait les moyens de subsistance pour plus de 1.800 personnes dans ces deux localités montagneuses en leur donnant des compétences en gestion, en finance, en planification du petit commerce et des connaissances juridiques. Pour autant augmenterait-il l’autonomisation économique des femmes des ethnies dans la chaîne de valeur agricole et les rapprocher des autres acteurs économiques ?

Dans le domaine des arts et lettres entre autres, quatre entrepreneures Vietnamiennes semblent élargir l’autonomisation économique : Mme Trân To Nga, auteure de Ma terre empoisonnée – Edition Stock, 2016 ; Mme Trân Thi Hien, pour ses deux livres Itinéraire d’une Vietnamienne, l’étudiante  insoumise et  Itinéraire d’une Vietnamienne, mon parcours d’intégration – Editions Chapitre.com, 2009 et 2014 ; Mme Phan Hông-Hanh, traductrice du Van Gogh de David Haziot, Editions Gallimard et publié par Nhà Xuất Bản Đà-nẵng, 2014 et Mme Nguyen Nga, architecte urbaniste installée à Hanoi qui a présenté au gouvernement vietnamien en juin 2015 un projet de préservation et réhabilitation du pont Long Biên et de son environnement.

Au Vietnam la participation des femmes à la population active rémunérée dépasse les 80 % pour les femmes de 20 à 30 ans sans interruption par les activités familiales. Les filles semblent arriver sur le marché du travail avant les garçons probablement à cause de leur scolarité arrêtée plus tôt précisément à la campagne. Les écarts entre hommes et femmes en termes de niveau d’éducation ont nettement diminué. Dans la tranche des 55 ans et plus, les hommes sont cinq fois plus nombreux à posséder un diplôme, mais au sein des groupes plus jeunes, le taux applicable aux hommes ne représente plus qu’une fois et demie celui des femmes. Avec l’amélioration de ces taux d’éducation pour les moins de 55 ans, il y a peu d’indications que l’écart entre les sexes continue à diminuer.  Malgré la quasi-égalité entre hommes et femmes au sein du groupe d’âge plus jeune (15 à 49 ans) l’avantage masculin va sans doute augmenter avec l’âge dans la mesure où les hommes ont une dotation significative en termes de niveaux d’éducation universitaire (2è-3è cycle).

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Conclusion

Dans les régions du monde en général et au Vietnam en particulier, l’autonomisation des femmes et des filles n’est pas seulement importante pour une société équitable, mais déterminante pour bâtir des économies plus solidaires afin d’atteindre des objectifs de développement convenus à l’échelle internationale et d’améliorer la qualité de vie des populations. 

Nguyen Dac Nhu-Mai (Apfsv)

 

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