BALADE A LA FRONTIERE SINO – VIETNAMIENNE

Dans mes précédents voyages au Viet Nam, j’ai eu l’occasion de passer vers Cao Bang – Lang Son -Ba Be (les trois lacs). Mes souvenirs sont marqués par le mauvais état des routes, et l’état de destruction encore bien présente des villes suite à l’attaque militaire chinoise en 1979. Cette année en 2017, avec des amis de France, nous avons décidé de faire un circuit touristique Hanoi – Ha Giang – Dong Van- Ba Be -Ha Noi. Les routes sont bien améliorées, mais encore très tortueuses, heureusement nous n’avons pas eu de pluie. La route reliant Ha Giang – Dong Van – Meo Vac, longeant de près la frontière avec la Chine, a été réalisée à force d’hommes et de femmes, entre 1959 et 1965. Assis à côté du chauffeur local, je ressens quand même un peu de mal «de mer» tout le long, mais le paysage est vraiment grandiose et exceptionnel. Un vrai paysage «alpin»…. en Extrême Orient ! La route est correcte, avec des travaux sur des tronçons, nous avons croisé beaucoup de véhicules – camionnettes de tourisme (la région attire de plus en plus de touristes étrangers et vietnamiens), beaucoup de camions dans les deux sens (en raison des échanges commerciaux entre la Chine et le Viet Nam). Et aussi beaucoup de motos, nouvelle mode de déplacement des populations locales (parfois avec des chargements très insolites, fourrages, troncs d’arbres, volailles, cochons …) mais aussi de touristes étrangers et locaux en motos. J’ai rencontré en route trois jeunes vietnamiennes casquées, avec accent du Sud, elles me racontaient qu’elles venaient de Ho Chi Minh, et loué deux motos à Ha Giang, des «Viet ba lô ». En cette période de conflits militaires dans ce monde instable, faire du tourisme au Viet Nam ne présente pas de danger, même pour ces jeunes femmes seules ! J’ai dit au conducteur que je l’admire pour sa dextérité sur cette route si tortueuse et dangereuse, et le calme exceptionnel des chauffeurs croisés, ils savent s’arrêter sans s’injurier ou klaxonner. Les motos ont transformé la vie de ces populations vivant dans des villages très dispersés, leur permettant d’aller travailler dans leurs rizières en gradins et jardins, transporter leurs enfants dans les écoles, accéder aux divers marchés locaux….

Le plateau karstique de Dong Van est reconnu par l’UNESCO comme un géoparc global. Il est interdit actuellement de détruire l’environnement, en particulier la pratique des brulis des forêts pour constituer des rizières nouvelles. Les habitants locaux, constitués par les minorités (Tay, Dao, Lolo, Hmong…) vivent dans des conditions encore difficiles, beaucoup de jeunes, surtout des garçons, sont obligés de chercher du travail dans des localités plus grandes et éloignées de leurs villages. La compagnie coréenne Samsung cherche à les recruter pour ses usines dans la ville de Thai Nguyen assez éloignée, plus bas située et jusqu’alors centre sidérurgique. Le développement du tourisme dans cette région permettra surement d’améliorer leur niveau de vie.

Nous avons visité plusieurs villages de ces minorités, et avons passé trois nuits « chez l’habitant » très agréables (notre sommeil était un peu dérangé par les chants des coqs « vietnamiens » en pleine nuit !). Les Tay, Dao, Lolo, Hmong (l’ancien nom vietnamien « Meo » est peu apprécié ici)… se distinguent par leurs habits, surtout chez les femmes (pantalons, jupes, chemises, coiffes…), et  leur habitat (cabanes sur pilotis, ou à plat au sol). Les Hmong, derniers arrivés dans la région, se retrouvent souvent dans les zones plus élevées, l’interdiction officielle de culture du pavot pour opium a diminué leurs revenus (l’ancien « Palais du roi Hmong » construit sous la colonisation française attire actuellement de nombreux touristes). Les marchés locaux sont très colorés (surtout le marché du dimanche matin de Dong Van à ne pas rater), et reflètent la grande beauté et diversité de ces minorités. Certains touristes pourraient regretter des changements trop visibles dans ces villages, mais soyons bien compréhensifs dans le contexte d’une amélioration de leur niveau de vie et l’interdiction de la déforestation qui leur est imposée. Les maisons en bois sont parfois « bétonnées », surtout les parties soutenantes et zones sanitaires, les toits en chaume remplacés par des tôles ou tuiles… Dans les villages nous croisons seulement quelques rares personnes en costumes traditionnels, même au marché de Dong Van le dimanche, les habits de fête sont probablement importés de Chine (couleurs un peu criardes pour nous), on voit peu d’activité de tissage dans les villages visités. Le progrès pénètre progressivement dans ces villages, y compris électricité, télévision, internet…, j’ai noté quelques pharmacies (ouvertes vraisemblablement seulement certains jours dans la semaine). Un de mes hôteliers me racontait qu’il a fait à deux reprises des accidents graves, mais les centres de soins médicaux n’étaient pas accessibles, il se soignait avec la médecine traditionnelle Tay. Je lui répondais qu’au Canada, dans les zones aussi isolées, les habitants pourraient être évacuées par hélicoptères !  Nous espérons que les autorités locales et le Ministère vietnamien de la culture et du tourisme aident financièrement ces populations à conserver dans chaque village au moins une vraie maison traditionnelle en bois, bambou, chaume…. 

Après Meo Vac, nous poursuivons notre voyage vers le sud en direction de Ba Be ( « les trois lacs »  en vietnamien), l’un des 20 plus grands lacs naturels au monde ! Nous quittons avec regrets cette merveilleuse route Ha Giang-Dong Van-Meo Vac, appelée aussi Route du Bonheur (« con đường hạnh phúc», en vietnamien), longeant la frontière entre la Chine et le Viet Nam.

Texte et photos de VU HONG NAM 

Lyon, 12-2017

(circuit organisé par Mme Hong Trang, Asiaplus voyage à Ha Noi, www. Asiaplusvoyages.com )

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