Revue de presse agent orange / Octobre 2020

Sélectionnée par Francis Gendreau

Octobre 2, 2020
https://e.vnexpress.net

Vietnam begins dioxin remediation at central airport

By Hoang Phong

Vietnam’s Ministry of National Defense launched a dioxin cleanup project Friday to treat 35,000 cubic meters of contaminated soil at A So Airport in Thua Thien-Hue Province.

The project, expected to cost VND70 billion ($3 million), is scheduled to take around two years to complete.

In 350,000 cubic meters of soil that needs treatment, around 6,600 cubic meters contain dioxin levels of over 200 parts per trillion, considered « very serious, » Quan Doi Nhan Dan (People’s Army) Newspaper reported.

During the Vietnam War, the American military used A So Valley in A Luoi District as a field airport. This was also a place to store toxic chemicals and a transit station for the U.S. Air Force to spray Agent Orange containing the dangerous chemical contaminant dioxin across the region. Thua Thien-Hue was one of the most heavily affected places by dioxin in Vietnam. The central province is home to nearly 16,000 people exposed to Agent Orange.

Vietnam still has 28 dioxin hotspots, including airports formerly used by the U.S. military during the Vietnam War. The government hopes to complete the task of decontaminating the country’s soil by 2030.

Work on dioxin cleanup at Bien Hoa Airport, the largest dioxin hotspot in Vietnam, started last year and the cleanup is expected to take at least 10 years. In 2017, the U.S. and Vietnam successfully tackled contamination at Da Nang Airport, removing it from the official list of dioxin contaminated spots in Vietnam.

Between 1961 and 1971, the U.S. army sprayed some 80 million liters of Agent Orange over 78,000 square kilometers (30,000 square miles) of southern part of Vietnam. Dioxin, a highly toxic chemical contained in the defoliant, stays in the soil and at the bottom of lakes and rivers for generations. It can enter the food chain through meat, fish and other animals, and has been found at alarmingly high levels in human breast milk. Between 2.1 to 4.8 million Vietnamese were directly exposed to Agent Orange and other chemicals before the war ended in April 1975. These chemicals have been linked to cancers, birth defects and other chronic diseases.

The United States Agency for International Development last year pledged $50 million to support Agent Orange victims in seven Vietnamese provinces, including Thua Thien-Hue.

Traduction :

Le Vietnam commence la décontamination de la dioxine sur un aéroport dans le centre du pays.

Le ministère vietnamien de la Défense a lancé vendredi un projet de nettoyage des dioxines pour traiter 35 000 mètres cubes de sol contaminé à l'aéroport A So de la province de Thua Thien-Hue.
Le projet, qui devrait coûter 70 milliards de VND (3 millions de dollars), devrait durer environ deux ans.
Sur les 350 000 mètres cubes de sol à traiter, environ 6 600 mètres cubes contiennent des niveaux de dioxine considérés comme "très graves", a rapporté le journal Quan Doi Nhan Dan (Armée populaire).
Pendant la guerre du Vietnam, l'armée américaine a utilisé la région de A So Valley dans le district d'A Luoi comme aéroport de campagne. C'était également un endroit pour stocker des produits chimiques toxiques et un lieu de transit pour l'US Air Force pour pulvériser l'agent orange contenant le contaminant chimique dangereux dioxine dans toute la région. Thua Thien-Hue était l'un des endroits les plus touchés par la dioxine au Vietnam. La province centrale abrite près de 16 000 personnes exposées à l'agent Orange.
Le Vietnam compte toujours 28 points chauds de dioxine, y compris des aéroports autrefois utilisés par l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam. Le gouvernement espère achever la tâche de décontamination du sol du pays d’ici à 2030.
Les travaux de nettoyage de la dioxine à l'aéroport de Bien Hoa, le plus grand endroit infecté par la dioxine au Vietnam, ont commencé l'année dernière et le nettoyage devrait durer au moins 10 ans. En 2017, les États-Unis et le Vietnam ont réussi à lutter contre la contamination à l'aéroport de Da Nang, en la retirant de la liste officielle des endroits contaminés à la dioxine au Vietnam.
Entre 1961 et 1971, l'armée américaine a pulvérisé quelque 80 millions de litres d'Agent Orange sur 78 000 kilomètres carrés du sud du Vietnam. La dioxine, un produit chimique hautement toxique contenu dans le défoliant, reste dans le sol et au fond des lacs et des rivières pendant des générations. Il peut entrer dans la chaîne alimentaire par la viande, le poisson et d'autres animaux, et a été trouvé à des niveaux alarmants dans le lait maternel humain. Entre 2,1 et 4,8 millions de Vietnamiens ont été directement exposés à l'agent orange et à d'autres produits chimiques avant la fin de la guerre en avril 1975. Ces produits chimiques ont été liés à des cancers, des malformations congénitales et d'autres maladies chroniques.
L'Agence des États-Unis pour le développement international a promis l'an dernier 50 millions de dollars pour soutenir les victimes de l'agent Orange dans sept provinces vietnamiennes, dont Thua Thien-Hue.

02/10/2020
https://www.lechorepublicain.fr

Une journée pour célébrer l’amitié franco-vietnamienne à Voves

Pour célébrer sa première année d’existence, le comité d’Eure-et-Loir de l’Association d’amitié franco-vietnamienne organise une « Journée au Vietnam », le samedi 10 octobre.

Le comité eurélien de l’association d’amitié franco-vietnamienne (AAFV) a décidé de fêter sa première année d’existence en beauté, en organisant une journée de conférences, de dédicaces et d’exposition autour du Vietnam. « À l’origine, c’est l’assemblée générale qui devait se tenir le 10 octobre. » En lieu et place, l’association organise une « Journée au Vietnam » et s’est assurée de la participation d’intervenants prestigieux.

Tran To Nga en invitée d’honneur

L’invitée d’honneur sera Tran To Nga, la militante franco-vietnamienne qui se bat contre les firmes américaines, dont Monsanto, accusées d’avoir fourni l’agent orange à l’armée américaine. L’ancienne journaliste et victime de cet herbicide utilisé pendant la Guerre du Vietnam comme défoliant était venue à Chartres l’année dernière pour évoquer son combat judiciaire. Le comité eurélien de l’AAFV renouvelle son soutien à Tran To Nga, à la veille du procès qui devait se tenir le 12 octobre, mais qui vient d’être reporté à janvier prochain.

L’historien Alain Ruscio et Nhu Mai Nguyen Dac, représentante permanente en Europe des victimes vietnamiennes de l’agent orange évoqueront le Vietnam d’hier.

Marquée dans sa chair par l’agent orange, une franco-vietnamienne témoigne de son bras de fer contre les firmes américaines

Mais l’association souhaite aussi regarder vers l’avenir. Des intervenants évoqueront ainsi le Vietnam d’aujourd’hui, et les perspectives de l’amitié entre les deux pays, en particulier l’ambassadeur du Vietnam en France, qui remettra officiellement au Secours populaire français 1.000 masques, offerts par le Vietnam à l’association nationale d’amitié franco-vietnamienne. Une preuve pour Gilbert Tenèze, le président du comité eurélien que « le Vietnam est un pays véritablement sur la voie d’un développement sur le plan économique mais aussi sanitaire et culturel. »

La projection du film Une révolution contagieuse, qui évoque le rôle majeur joué par Hô Chi Minh dans l’indépendance du Vietnam, conclura cette journée.

Seule inquiétude pour les organisateurs : être victime de leur succès. La salle des fêtes de Voves est en effet limitée à quarante personnes de façon simultanée. Gilbert Tenèze a imaginé une parade. « Nous avons obtenu l’accord de la préfecture et la mairie, si on a plus de monde, de pouvoir ouvrir les fenêtres pour que des gens écoutent de l’extérieur. »

Géraldine Sellès

Mercredi, octobre 07, 2020
https://fr.vietnamplus.vn

Lancement de l’application pour les victimes vietnamiennes de l’agent orange/dioxine

Ce mardi 6 octobre, l’Association des victimes vietnamiennes de l’agent orange/dioxine (VAVA) a présenté l’application VAVA Plus.

Hanoi (VNA) – Ce mardi 6 octobre, l’Association des victimes vietnamiennes de l’agent orange/dioxine (VAVA) a présenté l’application VAVA Plus.

Selon son président Nguyên Van Rinh, cette plateforme permet aux donateurs potentiels de connaître les besoins des victimes de l’agent orange/dioxine et d’entrer en contact avec elles. Elle publie également des reportages sur les victimes de l’agent orange/dioxine.

De 1961 à 1971, l’armée américaine a déversé 80 millions de litres de défoliants au Vietnam, lesquels contenaient près de 400 kg de dioxine, un produit hautement toxique qui perturbe les fonctions hormonales, immunitaires et reproductives de l’organisme.

Selon l’Association des victimes de l’agent orange/dioxine du Vietnam (VAVA), le pays compte plus de 4,8 millions de personnes directement exposées au défoliant, dont 3 millions en subissent encore les séquelles. Des centaines de milliers d’entre eux sont décédés dans la douleur. D’autres continuent de combattre tant bien que mal leurs maladies, souvent incurables. De nombreux enfants sont nés malformés ou condamnés à une vie végétale… –VNA

10 oct. 2020
https://blogs.mediapart.fr

Agent orange : Mobilisation en ligne le 11/10/2020 en soutien à Tran To Nga

Par Annie Stasse

LE PROCÈS DU 12/10/2020 EST REPORTÉ AU 25/01/2021 ! Tran To Nga mène un procès en France contre 26 firmes chimiques qui ont produit/commercialisé l’agent orange. Ce report du procès n’atteindra pas la solidarité à #TranToNga et aux victimes.

Suite au report du procès de Tran To Nga et au contexte sanitaire particulier, nous appelons à la mobilisation EN LIGNE le dimanche 11 octobre 2020. Toute la journée, une mobilisation aura lieu sur les réseaux sociaux. De 16h à 17h nous organiserons une WebTV.

Rejoignez la mobilisation EN LIGNE, dimanche 11 octobre.

On compte aujourd’hui plus de 3 millions de victimes sur 4 générations au Vietnam. L’herbicide continue encore aujourd’hui à faire des victimes.

Tran To Nga mène un procès en France contre 26 firmes chimiques qui ont produit/commercialisé l’agent orange. Ce report du procès n’atteindra pas la solidarité à #TranToNga et aux victimes.

LE CONTEXTE DE LA MOBILISATION

Tran To Nga est une victime franco-vietnamienne de l’agent orange. Ce défoliant toxique fut déversé au Vietnam, au Laos et au Cambodge par l’armée américaine lors de la guerre du Vietnam. L’herbicide continue encore aujourd’hui à faire des victimes : 3 millions de victimes sur 4 générations, souffrant de fausses couches, malformations, cancers… En plus de ce drame humain, il s’agit du plus grand écocide de l’Histoire : des centaines de milliers d’hectares de forêts au Vietnam, au Laos et au Cambodge ont été détruits. L’injustice raciste de ce drame est sans équivoque : tandis que les vétérans américains victimes de l’agent orange ont été indemnisés à hauteur de 180 millions de dollars dès 1984, les victimes vietnamiennes ne sont aujourd’hui toujours pas reconnues par la justice.

Depuis 2014, Tran To Nga intente un procès en France contre 26 firmes chimiques qui ont produit ou commercialisé l’agent orange. Ce procès est historique. Pour la première fois ces industries chimiques comparaissent devant la justice pour avoir produit ou commercialisé l’agent orange et pourraient être condamnées. Il s’agirait du début d’une véritable justice pour les victimes de l’agent orange.

Nous avons appris le report du procès, qui devait avoir lieu le lundi 12 octobre 2020 au tribunal judiciaire d’Evry, à cause de la Covid et d’une indisponibilité des salles. L’audience des plaidoiries aura donc lieu le lundi 25 janvier 2021. Nous espérons que cette date, malgré le Covid sera maintenue car ce procès est d’une importance capitale pour Tran To Nga âgée, malade à cause de la dioxine. Procès hautement symbolique car au-delà de sa personne, ce sont les victimes de l’agent orange qui seraient reconnues.

Sur Arte un documentaire :

Le documentaire « Agent orange, la dernière bataille » est disponible sur le site d’Arte jusqu’au 27 novembre 2020 : une enquête bouleversante sur ce désastre humain et écologique, auprès de Tran To Nga en France et de l’activiste Carol Van Strum aux Etats Unis.

L’herbicide, qui a fait des ravages pendant la guerre du Viêtnam, continue de semer la mort. Dans le sillage de deux femmes en croisade contre l’industrie chimique, une bouleversante enquête sur cette catastrophe humaine et écologique.

« J’ai vu l’avion passer et, derrière lui, c’était comme un nuage. » Dans le cadre de l’opération Ranch Hand (1962-1971), les États-Unis ont déversé des millions de litres d’agent orange sur le territoire vietnamien, pour détruire les forêts où se cachaient les résistants du Front national de libération, et les cultures agricoles qui les nourrissaient. Après l’arrêt de cette guerre chimique, l’armée américaine a incinéré et enfoui les excédents de défoliant, provoquant une contamination durable en divers endroits de la planète. L’usage de l’herbicide est pourtant resté autorisé dans les forêts et pâturages américains, loin de tout contact humain. Il a fallu attendre 1983 pour que Dow Chemical retire du marché ses produits contenant de la dioxine, un poison produit lors de la fabrication de l’agent orange, à l’origine de cancers et de malformations congénitales. En 2014, Tran To Nga, ancienne reporter dans la jungle sud-vietnamienne, victime des épandages, a assigné en justice vingt-six fabricants américains (dont Monsanto et Dow Chemical) depuis la France, où elle réside. De son côté, l’activiste américaine Carol Van Strum mène depuis plus de quarante ans une lutte sans relâche pour établir – à travers, notamment, la publication des « Poison Papers » – la responsabilité de l’industrie agrochimique, et mettre fin à ce désastre humain et écologique.

Arme de destruction massive

Des centres de soins vietnamiens pour les victimes de l’agent orange, où une quatrième génération d’enfants est née avec des difformités effroyables, aux forêts empoisonnées de l’Oregon, Alan Adelson et Kate Taverna ont enquêté sur les décisions et les dissimulations ayant conduit à ce scandale qui perdure – l’un des deux composants de l’agent orange, le 2,4-D, classé comme « probablement cancérigène » par le Centre international de recherche contre le cancer, étant encore largement utilisé. Leur documentaire rend également un émouvant hommage au combat de deux femmes qui ont refusé d’abdiquer malgré la maladie, les intimidations et les désillusions.

Santé, sécurité alimentaire, justice sociale, protection de l’environnement, démocratie… toutes les luttes convergent dans notre assiette. Ceux qui soutiennent les victimes de l’agent orange savent le danger que représentent les pesticides sur la santé humaine et l’environnement. Se battre contre les pesticides, c’est se battre pour la reconnaissance des victimes de l’agent orange. C’est pourquoi nous vous attendons le 17 à Paris, à l’événement de Notre Assiette pour Demain. Rejoignez notre cortège dans la Marche.

16 octobre 2020
https://www.gauchebdo.ch

«Un procès historique» pour les victimes de l’agent orange

France – Le Tribunal de grande instance d’Evry, en banlieue parisienne, a décidé d’ouvrir le procès le 25 janvier, suite à la plainte de la franco-vietnamienne Trân Tô Nga contre les multinationales de la mort de la Guerre du Vietnam. (Par Lina Sankari Paru dans L’Humanité)

Le procès de la dernière chance, qui permettrait à toutes les victimes vietnamiennes de voir la responsabilité des sociétés américaines ayant produit ou commercialisé l’agent orange établie, a été reporté. Pour des raisons sanitaires, l’audience des plaidoiries qui devait avoir lieu lundi 12 octobre au tribunal judiciaire d’Evry a été ajournée au 25 janvier. Ce procès qui oppose Tran To Nga, (1) ancienne agente de liaison du Front national de libération du Sud Vietnam puis correspondante de guerre de l’Agence d’information de libération, à quatorze firmes états-uniennes – dont Mansonto et Dow Chemical – est ainsi chargé de faire reconnaître le lien de cause à effet entre l’exposition à l’agent orange épandu par l’armée américaine et toutes les pathologies développées par les personnes exposées (cancers et malformations génétiques).

Quatrième génération d’enfants malades

De 1961 à 1975, 80 millions de litres de défoliants ont été épandus sur le Vietnam afin de déloger la résistance de ses caches. Au risque de l’écocide: certains pans de forêt ont été durablement détruits, certains fruits ont subi des mutations génétiques et les nappes phréatiques et les sols restent contaminés. Les corps, aussi. Le Vietnam assiste impuissant à la naissance de la quatrième génération d’enfants malades. «C’est un procès unique, historique, politique et pédagogique», martèle Tran To Nga, qui a été exposée à deux reprises à l’agent orange et souffre désormais d’un diabète de type 2, d’un système immunitaire défaillant, de maux de tête et de nodules sous-cutanés. Sa première fille, née en 1968, a la peau qui part en lambeaux quelques jours après la naissance, et meurt de la tétralogie de Fallot à 17 mois. Ses deux autres enfants souffrent respectivement d’alpha-thalassémie, une maladie du sang, et de chloracné, qui affecte la peau.

L’espoir de millions de victimes

Ce procès est également un combat de David contre Goliath. Les multinationales surpuissantes ont tout tenté pour faire traîner la procédure. «La complexité tient au fait que l’ensemble des sociétés sont aux Etats-Unis, où le droit diffère. Nous avons dû faire traduire l’ensemble des documents par des traducteurs assermentés pour que les actes soient réguliers», précise Amélie Lefebvre, l’une des avocates de Tran To Nga, qui demande le versement d’une indemnité pour les dommages corporels et moraux.

Les entreprises chimiques se dédouanent de leur responsabilité en arguant qu’elles répondaient alors à une commande du gouvernement américain en temps de guerre. En 1984, les vétérans américains ayant servi au Vietnam et ayant développé des pathologies ont pourtant obtenu gain de cause et reçu une indemnité de 180 millions de dollars. La justice américaine rejette en revanche l’action des civils américains et vietnamiens. Dans les faits, si un tribunal français établissait le lien de cause à effet entre l’exposition à la dioxine et les maladies développées par Tran To Nga, les millions de victimes vietnamiennes pourraient espérer prétendre à des indemnités pour des soins extrêmement lourds et onéreux. «C’est pourquoi nous soutenons M me Nga dans ses démarches», assure Truong Pham, responsable de la communication à l’Association vietnamienne pour les victimes de l’agent orange (Vava), qui a récolté plus de 400’000 signatures en appui à Tran To Nga.

  • voir aussi l’interview de Tran To Nga dans Gauchebdo, 28 juin 2018

Mercredi 21 octobre 2020
https://www.francebleu.fr

Agriculteur charentais intoxiqué par un herbicide : Monsanto définitivement condamné

Par Oanna Favennec, Julien Fleury

La Cour de cassation a validé ce mercredi la condamnation de Bayer – qui racheté le groupe américain Monsanto il y a deux ans – dans l’affaire l’opposant à Paul François. L’agriculteur de Bernac, en Charente, avait été intoxiqué en 2004, en manipulant un herbicide de la marque américaine.

C’est la fin de près de 14 ans de combat judiciaire pour l’agriculteur charentais Paul François. Ce mercredi, la Cour de cassation a validé la décision de la Cour d’appel de Lyon de 2019, qui reconnaissait une nouvelle fois la responsabilité de Monsanto après l’intoxication du céréalier en 2004. Avec ce nouvel arrêt, c’est la quatrième fois que le céréalier de Bernac (près de Ruffec) obtient une victoire contre la multinationale, aujourd’hui passée dans le giron de l’Allemand Bayer.

« Une décision exemplaire, qui fera date »

C’est l’argument du défaut d’étiquetage qui a été retenu à chaque fois : Paul François n’était pas suffisamment informé des risques lorsqu’il a ouvert une cuve de Lasso, un puissant herbicide aujourd’hui interdit, sur son exploitation en avril 2004. L’inhalation des vapeurs a été à l’origine de graves problèmes de santé, avec notamment des séquelles neurologiques. « Cela met un terme définitif à la question de la responsabilité de Monsanto » se réjouit l’avocat de Paul François, le spécialiste des combats environnementaux François Lafforgue qui salue « une décision exemplaire, qui fera date ».

Vers une indemnisation

« Monsanto prétendait que le produit n’avait pas été inhalé, poursuit François Lafforgue, que l’accident n’avait pas eu lieu, qu’il n’y avait pas de défectuosité du produit et de l’étiquetage, que Paul François avait commis une faute à l’origine du dommage. Tous ces arguments ont été écartés un par un. » Cette décision de la Cour de cassation ouvre la voie à l’indemnisation de Paul François, qui doit être plaidée devant le tribunal judiciaire de Lyon dans les prochains mois. Son avocat réclame un million d’euros, « ce qui constituerait une petite partie du préjudice subi » conclut François Lafforgue.

La réaction de Paul François

« Je vais pouvoir avancer », assure le céréalier Paul François, soulagé, et heureux de voir commencer la procédure d’indemnisation, « même si je fais confiance à Bayer pour demander à ses avocats de faire traîner la procédure, parce qu’ils ne vont rien lâcher ». Reste la victoire judiciaire. « Quand Bayer dit que son produit n’est pas dangereux, aujourd’hui cette décision montre le contraire. »

13 ans de bataille judiciaire

Avril 2004 : Paul François, agriculteur à Bernac (16) inhale les vapeurs de Lasso, un herbicide Monsanto, en respirant une cuve. S’en suivent de nombreuses hospitalisations

2005 : Paul François engage un recours contre la Sécurité sociale agricole pour faire reconnaître ses troubles comme maladie professionnelle

2007 : L’agriculteur charentais attaque la multinationale Monsanto devant la justice civile pour défaut d’étiquetage du produit en raison de sa dangerosité. Il demande un million d’euros.

2009 : La chambre sociale de la cour d’appel de Bordeaux a confirme un lien entre les pathologies de Paul François et une intoxication à l’herbicide

2012 : Paul François gagne devant un tribunal de Lyon qui reconnaît la « responsabilité » de Monsanto, pour ce défaut d’étiquetage. Une première en France. Monsanto fait appel.

2015 : Nouvelle victoire de Paul François devant la Cour d’appel de Lyon. Monsanto se pourvoit en Cassation.

Juillet 2017 : La Cour de cassation annule l’arrêt de la Cour d’appel, car la décision ne se réfère pas à la réglementation européenne.

2018 : L’entreprise américaine Monsanto est rachetée par le géant allemand Bayer

Avril 2019 : la Cour d’Appel de Lyon confirme que Monsanto est responsable “du fait de produits défectueux”. L’argument de Monsanto, selon lequel sa filiale attaquée, Monsanto France, n’est pas le producteur du produit (c’est Monsanto Europe), est rejeté.

Juillet 2019 : Deuxième pourvoi en cassation (par le groupe Bayer)

21 octobre 2020 : Le nouvel arrêt de la Cour de cassation confirme la responsabilité de Monsanto.

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