Ngô Thiện Hớn (1933-2021)

Hommage à Ngô Thiện Hớn

Avant d’arriver en France, Anh Ngô Thiện Hớn  avait connu la prison au Vietnam pour  avoir milité clandestinement dans le mouvement  de résistance des  étudiants à Saigon dans les années 1946-1947.

Il a étudié puis enseigné à Toulouse pendant plus d’un demi-siècle.

Il était un des piliers de l’Union des Etudiants en 1965 puis de l’Union des Vietnamiens en France à partir de 1969. Militant engagé pour l’indépendance de son pays, il a joué un rôle important aussi bien à la direction nationale que pour la fédération de Toulouse.

Après 1975, il était surtout connu dans la région Bordeaux-Toulouse pour ses qualités d’animateur d’émissions radiophoniques en vietnamien.

Anh Hớn a pris une part non négligeable  à  l’expansion de la  Ràdio Occitània,  une radio associative toulousaine créée en 1981 à la suite de la légalisation par François Mitterrand des radios libres.
Il présentait tous les dimanches l’émission « Au-delà des moussons » avec 2 parties: – des informations – des reportages sur la vie quotidienne au Vietnam accompagnées de musique populaire.

Toute sa vie, fidèlement accompagné de Chị Ánh, sa gentille épouse que tous les participants des   camps d’été de l’époque connaissaient  pour ses talents d’interprète  des mélodies populaires vietnamiennes, il a  toujours  œuvré pour la préservation de sa culture d’origine et  pour  l’amitié entre la France et le Vietnam.

Nous voulons  vous dire à Chị Ánh, à Nga, Quốc, Nam et  Việt  et  à ses petits-enfants  qu’il aimait tant, que nous partageons  votre immense chagrin, vous pouvez être fiers de votre mari,  de votre père, et grand-père .

Union générale des Vietnamiens de France (UGVF)

Un présentateur d’émissions radiophoniques en vietnamien en France

Né à Sóc Trăng, au Sud, Ngô Thiện Hớn a fait ses études en France. Il est ensuite devenu enseignant, à Toulouse, ce qui ne l’a pas empêché de suivre de près ce qui se passait au Vietnam et même de militer activement contre la guerre au sein de l’union des résidents vietnamiens, l’ancêtre de l’actuelle association des Vietnamiens à Toulouse. Au début des années 1970, alors que le vent commençait à tourner au Sud-Vietnam et que chacun sentait bien que c’est Hanoi qui allait finalement emporter la partie, le gouvernement français s’est mis à faire pression sur les ressortissants vietnamiens – les fonctionnaires en particulier – pour les inciter à demander la naturalisation. Mais Hớn s’est accroché bec et ongle à sa nationalité vietnamienne. Pour ce faire, il a même dû se résoudre à changer de métier et à ouvrir un bistrot. « En 1975, le Vietnam a été libéré, se souvient-il. Mais depuis 1973, le gouvernement français me demandait instamment de prendre la nationalité française pour pouvoir rester dans l’enseignement. Alors qu’à cela ne tienne ! J’ai quitté l’enseignement et je suis resté fidèle à mon pays et à mes racines ! »      

En 1981, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en France, les radios libres ont été autorisées. Elles ont aussitôt fleuri un peu partout, et notamment en 1982, à Toulouse avec « Radio Occitanie », une chaîne de radio destinée, entre autres, à la communauté vietnamienne vivant dans la région, à laquelle Hớn a bien sûr pris une part active. Mais évidemment, se lancer dans la radio libre, à l’époque, c’était se lancer à l’aventure, et les débuts n’ont pas toujours été faciles. « Il y a eu beaucoup de défections au cours des deux premières années, nous raconte Hớn. Beaucoup de gens sont partis, les uns pour trouver un autre emploi, les autres pour fonder une famille… Il y a aussi eu des départs pour Paris ou pour l’étranger… Et à force, j’ai fini par me retrouver tout seul ! Alors il a bien fallu prendre une décision. Continuer ? Arrêter ? Comme il n’y avait aucune émission en vietnamien dans la région, j’ai décidé de continuer ! »

Continuer, oui, et se transformer en homme à tout faire ! Hớn s’est donc retrouvé à la fois rédacteur et présentateur d’une émission de 40 minutes qui s’appelait « Au-delà des moussons » et qui était divisée en deux parties. La première partie – 30 minutes environ – consistait en fait en un bulletin d’informations sur le Vietnam. La deuxième – les 10 dernières minutes, donc – permettait de présenter des reportages sur tel ou tel aspect de la vie quotidienne, sociale ou économique du Vietnam. Pour enrichir le contenu de ses émissions, Hớn s’est documenté auprès de la presse écrite vietnamienne. Par la suite, internet lui a bien évidemment offert beaucoup d’autres possibilités qu’il ne s’est pas privé d’exploiter à fond.

Encouragé par ses auditeurs, Hớn a décidé d’allonger son émission de 10 minutes, en français cette fois, à destination des amis Français vietnamophiles, des Vietnamiens partis du pays depuis très longtemps et des Việt kiều de la deuxième ou troisième génération, lesquels ne parlent pas vietnamien. « Au début, pour recueillir des informations, je devais écouter différentes radios, et prendre des notes en dactylographie, se rappelle-t-il. Pas facile ! Et ça a duré longtemps, comme ça ! Mais maintenant, avec internet, tout va beaucoup mieux ! »        

Maintenant âgé, Hớn reste habité par le désir de faire quelque chose pour son pays natal qu’il n’a jamais cessé de chérir au fond de son coeur. Avec sa femme, il a participé activement aux campagnes de collecte de fonds lancées par l’association d’entraide franco-vietnamienne pour permettre de financer des opérations ophtalmologiques au Vietnam. Mais il envisage aussi de donner des cours de vietnamien à des enfants de Vietnamiens résidant en France, appartenant à la 2ème ou à la 3ème génération, histoire de contribuer un peu plus à la préservation de sa culture d’origine et à l’amitié franco-vietnamienne.

Thuy Van & Dao Dung – VOV

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