Depuis plusieurs années, Trần Sơn Tây Frédérique joue toujours un rôle essentiel dans l’organisation du Spectacle de la Fête du Têt, organisée par l’UGVF, l’UJVF, l’UEVF et une quinzaine d’associations vietnamiennes en France. Cette année, elle est la directrice artistique de la Grande Scène de la Fête du Têt, et également la responsable du numéro des enfants.
Frédérique est née au sein de l’Union, c’est-à-dire, qu’elle appartient à la deuxième génération vietnamienne de l’UGVF. Elle a passé son enfance avec les cours de vietnamien, de danse, de chant, … comme les enfants d’aujourd’hui à Ve Nguon de l’UGVF.
Pleine d’énergie, riche d’idées, prête à développer sa synergie, Frédérique réalise de nombreuses activités dans sa vie, y compris des cours de danse pour adulte chaque mercredi, des cours de danse pour enfant tous les samedis, sa recherche personnelle sur la musique et la danse du Vietnam, la gestion du programme artistique du Spectacle, etc.
Une interview avec TRAN SON TAY Frédérique, courte mais passionnante.
Bonjour Frédérique. Depuis plus de 30 ans, vous êtes un membre actif du groupe d’artistes de Thieu nhi et de l’UJVF. Pouvez-vous partager avec nous, quelle est votre motivation et d’où vient cette énergie pour les activités artistiques communautaires ?
Frédérique : J’ai fait de la danse classique quand j’étais enfant puis de la danse moderne jazz que je pratique encore aujourd’hui. J’ai essayé aussi le rock, le hip-hop, le bollywood… Je suis passionnée de danse et j’aime transmettre et partager cette passion. Avec l’UJVF j’aime le fait de faire des activités certes tournées vers le VN mais surtout le fait de les faire ensemble et dans un esprit de bienveillance propre à notre communauté. Partager à plusieurs le plaisir de danser sur scène, offrir au public un beau spectacle et voir la fierté des danseurs et des enfants d’avoir accompli une chorégraphie devant leurs proches.
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Parmi vos expériences de Spectacles, vous avez été nommée deux fois directrice artistique de l’UJVF au Festival Hue. Pouvez-vous nous raconter quelques souvenirs ou anecdotes inoubliables au cours de cette activité ? Et, en tant que vietnamienne de deuxième génération en France, comment ressentez-vous ce besoin de vous rapprocher de vos origines (retour aux sources) par le biais de la culture vietnamienne ?
Frédérique : En 2008, j’étais enceinte de Matteo et si j’ai pu préparer et faire répéter les danseurs à Paris, je n’ai pas pu faire le voyage, mais j’ai pu vivre l’aventure par procuration grâce aux vidéos et photos.
En 2010 nous avons pu produire ce spectacle de nombreuses fois, à l’UNESCO à Paris, Bourg-la Reine, Toulouse, Aix-la-Chapelle en Allemagne, et à Huê et sa province 3 fois, dans un village des hauts plateaux et à TP HCM. Cela a créé un esprit de troupe très fort entre les danseurs. Ça ne s’oubliera jamais de danser en plein air entre 2 averses, devant des vietnamiens qui s’arrêtent juste à califourchon sur leur xe honda.
Issue de la 2e génération, j’ai grandi avec une double culture de manière naturelle. L’UJVF m’a offert la possibilité d’exprimer chorégraphiquement cette double culture par la création annuelle du numéro dit des francos (francophones) qui allie gestes traditionnels vietnamiens et danse moderne occidentale.
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Votre fille, Elodie, vous accompagne dans la plupart des numéros sur scène. Elle danse naturellement et gracieusement sur la musique traditionnelle du Vietnam. Quel est votre secret pour lui transmettre la “flamme” et la passion dans chaque chorégraphie artistique ? De même envers les enfants de l’école de Ve Nguon tous les samedis…
Frédérique : Ma fille m’a toujours vu danser depuis bébé. Elle et son frère ont toujours assisté à mes spectacles de danse et parfois à mes répétitions. Elodie a en plus une sensibilité artistique exacerbée que ce soit en musique, danse ou théâtre… c’était difficile pour elle de voir maman s’occuper d’autres enfants au cours de danse, maintenant elle est plus grande et ça va mieux. Pour les Thieu Nhi, je veux surtout leur transmettre le plaisir de danser et d’être sur scène, je ne veux pas les forcer. Il faut combiner pédagogie, esprit ludique et exigence.
Photo : Tet au Pavillon Baltard (Ha Duyen Hoa) |
Nous vous connaissons comme membre active et volontaire de la troupe de danse, vous menez également une vie professionnelle en dehors de l’association, mais avant tout, une mère qui doit entretenir sa vie de famille. Quels sont vos astuces pour gérer l’équilibre de toutes ces activités dans votre vie ?
Frédérique : Mon mari m’aide beaucoup. C’est une question d’organisation et d’équilibre. J’ai besoin de danser pour être bien dans mon corps et dans ma tête.
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Pouvez-vous nous dévoiler plus d’informations sur le Spectacle du Têt 2018 : idée, artistes, etc. ? Et quels sont les attentes de votre équipe ?
Frédérique : Le spectacle du Têt 2017 nous avait laissé sur notre faim… nous avions réalisé une danse traditionnelle « Mua Truc Xinh » mais il n’y avait pas de liaison entre les différents numéros du spectacle qui se succédaient juste comme une émission de variétés. Nous devions présenter un spectacle de 40 min pour l’association EPVN Enfance Partenariat Vietnam à Versailles en avril 2017. Nous avons eu l’idée du spectacle « Retour aux sources » : l’histoire d’un Viet-kieu qui va au Vietnam pour rencontrer sa famille et découvrir son pays d’origine, servant de fil conducteur entre les numéros.
Photo : Tet au Pavillon Baltard (Do Trung Hieu)
Pour le Têt 2018, nous avons modifié et étoffé le synopsis pour intégrer les numéros proposés par Ai Xuan, HCQH, Top-ca, danse UJ. Nous avons aussi changé certains acteurs principaux, ceux d’origine n’étant pas disponibles. Nous avons beaucoup travaillé, avec beaucoup de plaisir et espérons que le spectacle plaira au public.
C’est aussi mon dernier Têt à Paris en tant que responsable car je déménage à Clermont-Ferrand fin février.
La troupe de danse UJ a déjà dansé au Têt de Montreuil le weekend dernier et est sollicitée pour le Têt de Lyon le 4 mars.
Nous vous remercions pour ces quelques mots, et vous souhaitons une bonne continuation.
Nguyen Vu Nhu Quynh.